Le commentaire du Petit Journal, empreint de compassion pour des émigrants juifs expulsés de Roumanie, pourrait aussi bien décrire tous ces gens démunis, souvent Roms, qui campent aujourd'hui dans les rues de Paris, et les réactions des passants.

Extrait :  « La cour de la gare de Lyon, à Paris, présentait, ces jours derniers, un aspect singulièrement curieux et aussi singulièrement attristant. Une centaine de malheureux vêtus de loques bigarrées et parfaitement sordides y avaient établi leur campement, à l'énorme stupéfaction des employés et des voyageurs.
» Ils étaient là, comme notre dessin les représente, faisant leur cuisine, lavant leurs loques dans des troncs d'arbres creusés qui leur servent à la fois de baquet et de berceau pour leurs enfants, et, la nuit venue, se serrant les uns contre les autres pour dormir. » Tout d'abord, ils s'étaient installés sous la véranda ; mais les voyageurs se plaignirent du contact possible, étant donnée la malpropreté trop visible de ces étranges voyageurs ; de plus, en ces temps où l'on craint tant les épidémies, on invoqua la cause sacrée de la salubrité publique. Aussitôt on repoussa les pauvres bagages jusque dans la cour, et toute la bande les suivit, résignée, sans une plainte. » Pour quelques instants le campement se reforma en plein air, il fut encore dispersé; alors la triste bande descendit sur le boulevard et s'installa le long du mur de Mazas, puis revint encore dans la gare, et enfin grâce à la charité put être logée dans deux hôtels de la rue Charenton et de la rue de Citeaux. »