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vendredi 6 novembre 2015

Montée en puissance des ultras religieux en Israël


Rédigé par Reine

ultra orthodoxes

Aujourd’hui un Israélien sur 10 est ultraorthodoxe (soit environ 900 000 personnes contre 400 000 en 1990) et cette communauté gagne chaque jour en nombre et en influence à tel point que les Israéliens laïcs ont le sentiment d’être minoritaires dans certains endroits, surtout à Jérusalem où l’on en compte plus de 200 000. Quelles répercussions pour le pays et sa politique actuelle ?

Rappel historique L’orthodoxie juive, gardienne de la tradition hébraïque, naît en Europe de l’est à la fin du XVIIIè siècle pour contrecarrer l’extension de la modernité née en Allemagne à la fin du XVIIè, qui propose une adaptation de la halakha (loi juive) au temps et au lieu de vie, en langue vernaculaire. Ces traditionalistes s’opposent aussi, à l’intégration, a fortiori à l’assimilation, des juifs à leur société mais aussi, par leur messianisme*, au sionisme naissant, donc à l’établissement d’un Etat juif en Palestine (comme on le nommait à l’époque). Les Haredim (les « craignant Dieu ») viennent de Pologne et de Russie et quelques centaines de survivants émigrent après-guerre aux USA, au Canada, en Europe de l’ouest et paradoxalement en Israël. En 1948 le Premier ministre Ben Gourion, bien que laïc, accorde des privilèges à quelques centaines d’ orthodoxes : l’exemption du service militaire* et des subventions qui leur permettent d’étudier la Torah sans avoir à travailler. En 1977 le Likoud (parti de droite) généralise ces privilèges à tous les ultras-orthodoxes malgré une démographie galopante et les soutient en outre pour leurs logements, leurs écoles ou leurs prêts bancaires. Ce qui ponctionne fortement les finances.

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samedi 17 octobre 2015

En tenue d'Eve : Féminin, pudeur et judaïsme

en tenue d'EveEssai de Delphine Horvilleur Grasset 2013

Rédigé par Reine

Femme rabbin en France au sein du MJLF (mouvement juif libéral de France), Delphine Horvilleur mène dans cet essai publié en 2013 une réflexion sur la vision et la place de la femme dans la religion juive. Dans le contexte actuel où les discours fondamentalistes des trois religions monothéistes révèlent une obsession de plus en plus accrue pour la pudeur et la modestie des femmes, l’auteur part d’un paradoxe étonnant : dans nos sociétés occidentales où nudité et transparence sont de mise, pourquoi vouloir cacher la femme en la faisant disparaître de l’espace public ? (voiles divers couvrant cheveux, parfois corps et visages chez les musulmans, perruques sur cheveux coupés recouvertes elles-mêmes de bonnets ou foulards, manches et jupes longues de préférence dans des tons sombres chez les juifs, assignation des femmes et des hommes à des rôles prédéterminés de façon quasi biologique chez les chrétiens , discours entendus lors des manifestations contre le mariage pour tous en France). La réponse donnée ici tombe comme un couperet : retenue et pudeur ont été et sont encore imposées aux femmes pour les contrôler et les exclure de l’espace public, politique, de tout lieu de pouvoir. En tant que femme rabbin Delphine Horvilleur appuie son argumentaire sur l’étude de textes religieux, bibliques, talmudistes, kabbalistes, mais va puiser aussi dans l’ethnologie (Lévi-Strauss), la psychanalyse, l’histoire, la philosophie (Derrida), le féminisme. Ce ne sont pas les textes religieux qui sont misogynes en soi mais bien les différentes interprétations qui en ont été faites par des hommes uniquement, les femmes étant exclues de la yeshiva, c’est-à-dire de l’étude des textes sacrés (depuis les années 1970 elles y ont accès mais seulement dans le Mouvement libéral). La Bible, en effet, présente de beaux portraits d’héroïnes jouant un rôle public et politique, menant ou sauvant leur peuple, comme Esther, Déborah, Ruth ou encore la bergère du Cantique des Cantiques, femme libre, amoureuse et très sensuelle. Pour l’auteur, c’est sous les influences conjuguées des Grecs et des Latins, puis de chrétiens comme Saint Paul que le patriarcat a repris ses droits. La femme est alors devenue cet être « orificiel et génitalisé » qui peut susciter chez l’homme un désir incontrôlé et illégitime (quand il n’est pas son mari), capable de troubler gravement l’ordre social. Le corps de la femme est à la fois « intérieur et extérieur » par ce qu’il peut sécréter, même sa voix est « nudité » (récemment, en Israël, dans une cérémonie militaire, des soldats sont sortis parce que des femmes soldats chantaient ! )

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